Dans le quartier commerçant de Vali-Asr à Téhéran, le 31 décembre 2025 ( AFP / ATTA KENARE )
Un bâtiment gouvernemental a été attaqué mercredi dans le sud de l'Iran, ont indiqué les autorités, après trois jours de rassemblements contre la cherté de la vie dans plusieurs villes du pays.
Le pouvoir a de nouveau mis en garde mercredi contre le risque d'une instrumentalisation de cette mobilisation à des fins de "déstabilisation", affichant sa "fermeté".
"La porte d'entrée (...) du bâtiment du gouverneur provincial a été endommagée lors d'une attaque perpétrée par plusieurs individus", a déclaré le chef du pouvoir judiciaire de la ville de Fassa, Hamed Ostovar, sans préciser les circonstances ni mentionner de manifestations.
Fassa est une ville de 100.000 habitants située à 780 kilomètres au sud de la capitale Téhéran, où une mobilisation initiée par des commerçants contre la vie chère a débuté dimanche, avant de s'étendre à au moins dix universités du pays.
Le procureur général de la République islamique, Mohammad Movahedi-Azad, a dit comprendre mercredi la tenue de "manifestations pacifiques" de personnes dénonçant la cherté de la vie.
Mais "toute tentative" visant à les transformer "en un outil d'insécurité, de destruction des biens publics ou de mise en oeuvre de scénarios conçus à l'étranger sera inévitablement suivie d'une réponse (...) ferme", a mis en garde ce responsable, cité par la télévision d'Etat.
Le Mossad, le service de renseignement extérieur israélien, a appelé en persan, sur le réseau social X, les protestataires à intensifier leur mobilisation, affirmant être présent avec eux "sur le terrain".
L'Iran, qu'une guerre a opposé à Israël en juin, accuse depuis longtemps ce pays ennemi de mener des opérations de déstabilisation sur son territoire et de sabotage contre ses installations nucléaires.
- "Pour un bout de pain" -
Ces manifestations sporadiques contre l'hyperinflation et le marasme économique ont débuté dimanche dans le plus grand marché pour téléphones portables de Téhéran. Mardi, des étudiants ont manifesté dans des universités de la capitale et de plusieurs villes iraniennes, selon les agences de presse Irna et Ilna.
Le vice-président de l'Université de Téhéran, Mohammad Reza Taghidokht, a indiqué dans les médias que quatre étudiants avaient été arrêtés mardi, puis relâchés dans la nuit.
Un couple marche dans les rues de Téhéran, où les autorités ont fermé écoles, banques et établissements publics en raison du froid et pour économiser l'énergie, le 31 décembre 2025 ( AFP / ATTA KENARE )
Ecoles, banques et établissements publics ont été fermés mercredi dans la quasi-totalité du pays sur décision des autorités, qui ont invoqué le froid et des économies d'énergie.
A Téhéran, des universités ont aussi annoncé que leurs cours se tiendraient en ligne toute la semaine prochaine pour cause de froid, d'après Irna.
Les autorités n'ont fait officiellement aucun lien avec les manifestations.
La capitale enregistre actuellement des températures négatives la nuit, qui ne sont pas exceptionnelles en cette période de l'année.
La monnaie nationale, le rial, a perdu depuis un an plus d'un tiers de sa valeur face au dollar, tandis qu'une hyperinflation à deux chiffres fragilise déjà depuis des années le pouvoir d'achat des Iraniens.
Le taux d'inflation était en décembre de 52% sur un an, selon le Centre de statistiques d'Iran, un organisme officiel.
Certains produits de première nécessité deviennent de fait inabordables pour une partie de la population, qui pâtit des sanctions internationales contre l'Iran depuis quatre décennies.
"Tout le monde ici se bat pour un bout de pain", résumait un manifestant interrogé mardi par le quotidien Etemad.
- Anxiété -
Une affiche anti-israélienne géante représentant un combattant palestinien et saluant la "résistance" en persan et hébreu installée sur la place de Palestine de Téhéran, le 31 décembre 2025 ( AFP / ATTA KENARE )
La crainte d'un nouveau conflit avec Israël et le rétablissement en septembre des sanctions onusiennes contre l'Iran pour son programme nucléaire sont des facteurs d'anxiété supplémentaires pour la population.
Un nouveau gouverneur de la Banque centrale, chargé de freiner l'inflation, a pris ses fonctions mercredi après la démission de son prédécesseur.
Le mouvement de grogne contre la vie chère est à ce stade sans commune mesure avec le mouvement qui avait secoué l'Iran fin 2022, après la mort de Mahsa Amini, une jeune iranienne.
Son décès en détention après son arrestation pour avoir prétendument enfreint le code vestimentaire avait déclenché une vague de manifestations, dans laquelle plusieurs centaines de personnes avaient trouvé la mort, dont des dizaines de membres des forces de sécurité.
En 2019, des manifestations avaient aussi éclaté en Iran après l'annonce d'une forte hausse du prix de l'essence. La contestation avait alors touché une centaine de villes, dont Téhéran, et fait des dizaines de morts.

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